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@dergachev
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«J’avais 14 ans quand Internet est apparu, 18 lorsqu’il a éclaté au grand jour, 22 lorsqu’il a atteint sa maturité. J’ai suivi et participé — en tant que programmeur — à toutes les étapes du développement de cet outil qui semble être devenu un être à part entière dont beaucoup ne peuvent plus se passer. Mais, en 2005, alors que je gagnais confortablement ma vie et gérais une communauté virtuelle de 8 000 membres, j’ai tout quitté.
La vie virtuelle n’est pas ce qu’elle paraît être quand on la découvre. Elle est comme une jolie fille qui se transforme en araignée et tisse une toile d’une telle densité qu’on en vient à oublier qu’il y avait quelque chose au-dehors. Pour elle, j’ai mis ma vie réelle entre parenthèses pendant près de dix ans et cela a eu des conséquences dont je ne mesure la portée qu’aujourd’hui. Je sais que je ne remettrai jamais mon cœur dans ce monde-là, et je n’ai pas besoin de justifier ce qui m’est apparu comme un simple choix entre la Vie et la Mort. Toutefois, deux ans plus tard, j’ai décidé de prendre la plume car je ne pouvais m’empêcher d ’observer que non seulement une partie mais toute la jeunesse se dirige vers cette impasse. En partageant ce que j’ai compris de ma descente dans les entrailles du Web, ainsi que de ma difficile remontée, j’espère baliser quelque peu cette zone sinistrée et permettre aux jeunes générations de mettre plus vite leur énergie dans la bonne direction.
Mon inquiétude est que, si les mondes virtuels se développent à une vitesse prodigieuse, le monde réel lui — surtout la Nature — dépérit tout aussi rapidement. Internet n’est donc pas qu’une distraction pour adolescents qui peinent à entrer dans la vie réelle, il est en train de transformer cette réalité de manière si subtile et rapide que personne ne le remarque. Le fait qu’il touche le grand nombre et s’intègre toujours plus à la vie quotidienne cache la profonde misère que son utilisation implique.
A ma connaissance, aucun livre n’a traité du réel problème qu’est Internet, si ce n ’est à travers les habituelles mises en garde quant au caractère amoral et asocial de certaines zones du Web, certes non négligeables. Il fallait donc un livre entier pour aller au fond de la question et être capable d’entrevoir une solution qui devra nécessairement être aussi radicale et intégrale que les changements qu’Internet provoque sur nos vies et sur celle de nos enfants. »

E-MAILS : MINIMISER LA CASSE
J’espère avoir fair comprendre que l’e-mail est un des pires moyens pour communiquer de manière efficace. Toutefois, si pour une raison ou une autre, vous êtes contraints d’en faire usage, voici quelques conseils pour minimiser les pertes d’énergie : Imprimer l’e-mail. Cela permet de lire le message à tête reposée et diminue la tentation de répondre sur le coup. Éventuellement, laisser un peu de temps avant de répondre. Cette temporisation est saine et naturelle, et n’a rien à voir avec la distanciation dans le temps que provoque l’e-mail.
Écrire la réponse sur une feuille. C’est une technique qui peur paraître un peu extrême mais qui est, je crois, nécessaire lorsque nous avons quelque chose d’important à transmettre. Avec l’ordinateur, on peut écrire vite, faire des changements, mais c’est au prix d’une perte de l’essentiel.
Faire attention aux mors. Les gens sont susceptibles, il faut un peu anticiper leur réaction pour leur propre bien-être. Pas de provocation ! Je crois toutefois que cela n’a pas besoin d’être une prise de tête si on est soi-même calme intérieurement.
Rester objectif. Être le plus factuel possible et éviter de mettre une quelconque sentimentalité dans le message. (Elle ne passera pas ou sera mal interprétée). S’il y a un conflit, potentiel ou réel, privilégier le téléphone ou le contact direct.
Savoir que l’on ne sait pas. La clé pour éviter les pertes d’énergie. Cela règle tous les autres problèmes. Et pourtant, il est ô combien difficile de ne pas se faire prendre encore et encore dans cette illusion !
LA PERTE DE LA LECTURE
Dans ma période Internet, il m’arrivait régulièrement de commander quatre ou cinq livres sur des sujets qui m’avaient intéressé à un moment ou à un autre. J’avais ainsi acquis une collection de près de 200 livres. Mais je n’en ai pas lu un seul dans son intégralité.
Je plaisantais souvent sur le fait que je lisais une dizaine de livres simultanément. Mais je ne les lisais pas vraiment, je me contentais de prendre un passage au hasard, puis de passer à un autre. Ces livres, je les lisais de la même manière qu’on surfe sur Internet.
Ce n’est que bien plus tard que je me suis mis à lire des livres en entier, sans interrompre leur lecture par celle d’autres livres. Alors je compris pourquoi cela était si difficile, pourquoi je ne l’avais pas fait auparavant.
Une vraie lecture exige en effet de suivre jusqu’au bout la pensée de l’auteur afin de voir ce qu’il veut nous montrer. Il faut mettre de côté nos lubies idéologiques qui peuvent se révéler très partielles lorsqu’on prend conscience d’aspects plus larges de la réalité. En même temps, elle permet de construire sa pensée avec plus de finesse et ainsi de mieux comprendre celle des autres.
Y a-t-il un risque de se faire « laver le cerveau » ? Je crois que le plus grand danger est de rester enfermé dans notre vision restreinte de la réalité, de rester notre vie entière à la surface des mors, au traitement indéfini des mêmes concepts et des mêmes idées.
Est-ce que quelqu’un est devenu fou – ou débile – suite à une idée qui lui était parvenue? La folie guerre plutôt ceux qui s’attachent rigidement aux mêmes idées et concepts et refusent d’admettre ne pas tout savoir.

Sébastien Vaas : L’Enfer du Virtuel
1ère ÉDITION MARS 2009, ÉDITIONS L’ÂGE D’HOMME
LAUSANNE, SUISSE ©
2ième ÉDITION DÉCEMBRE 2011 ©
À quel titre l’auteur a-t-il participé au développement du Web ?
Quand l’auteur e-t-il quitté ?
À quel animal l’auteur compare-t-il la réalité virtuelle ?
Quelle expression l’auteur utilise-t-il pour exprimer qu’il a mis sa vie réelle de côté ?
Pourquoi l’auteur a-t-il pris la plume ?
Comment la réalité virtuelle change-t-elle nos vies ?
Que pensez-vous de la position adoptée par l’auteur ?
Pouvez-vous énumérer dix avantages et dix dangers que l’avancée d’internet sur nos vies ?
Quelle inquiétude l’auteur exprime-t-il face à l’intrusion du monde virtuel dans nos vies ?

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